lundi 7 août 2017

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix

Carmes Fribourg Edith Stein "Le chemin de la foi est plus riche que celui de la pensée philosophique, car il nous donne Dieu. Or Dieu est une Personne proche, Il nous aime, prend soin de nous avec bonté et nous donne une assurance qu'aucune connaissance naturelle n'est en mesure d'offrir. Mais le chemin de foi est obscur."  (Endliches und Ewiges Sein, p. 58)

Philosophe et carmélite, Edith Stein meurt le 9 août 1942 dans les chambres à gaz d’Auschwitz, à la fois victime de la Shoah et témoin du Christ. Canonisée par le pape saint Jean-Paul II le 11 octobre 1998.

La jeunesse


Edith Stein naît à Breslau, capitale de la Silésie, le 12 octobre 1891, dans une famille de marchands juifs. Elle perd son père à l'âge de 2 ans. Sa mère prend alors les rênes de l'entreprise et de la famille. Bien qu'elle soit croyante, elle n'éduque pas ses enfants dans un judaïsme strict, mais dans la tolérance.

Jusqu'à l'âge de treize ans Edith se considérait comme athée. Sa quête de la vérité débute véritablement lorsqu'elle commence ses études universitaires Après des études secondaires, elle entreprend des études de littérature allemande, d'histoire, de philosophie et de psychologie à l'université de Breslau.

En 1913, elle s’inscrit à l'Université de Göttingen pour étudier sous la direction du philosophe Edmund Husserl. A côté de ses intérêts philosophiques, Edith Stein montre une sensibilité certaine pour les questions de son époque. Elle se passionne alors pour la politique et devient membre de l'Association prussienne pour le vote des femmes.

En 1915 elle passe avec succès son examen d'état en philosophie, en histoire et en allemand. Comme la guerre a éclaté et qu'elle se découvre des sentiments patriotiques, elle devient auxiliaire de la Croix-Rouge pour soigner les blessés. Cet engagement ne dure pas longtemps: Husserl la sollicite pour devenir son assistante. Au cours de cette période elle passe sa thèse de doctorat avec la mention summa cum laude.

La conversion


Carmes Fribourg Edith Stein
Carmel d'Echt
Edith Stein a eu une première rencontre importante avec le christianisme en écoutant Max Scheler.

Puis en 1917, elle fait une rencontre capitale avec la veuve d'Adolf Reinach, proche collaborateur de Husserl mort au front. Malgré sa souffrance, celle-ci fait preuve d'une foi inébranlable et lumineuse, une foi qui donne un sens à l'existence et qui impressionne la jeune étudiante. «Ce fut là ma première rencontre avec la croix et avec la force divine qu'elle communique à ceux qui la portent. […] Ce fut à cet instant que mon incroyance céda, que le judaïsme pâlit et que le Christ resplendit: le Christ dans le mystère de la croix.»

Si Edith Stein avoue qu'elle désire ardemment croire, elle n'a pas encore la foi à proprement parler. Elle commence à lire le Nouveau Testament et, lentement, la grâce se fraie un chemin dans son âme.

L'année 1921 marque une étape décisive dans sa vie : elle se convertit. Un soir d'été, elle lit l'autobiographie de sainte Thérèse d'Avila. "Là est la vérité" murmure-t-elle après l'avoir lue. Elle découvre ce qu’elle a cherché depuis tant d’années. Elle s'achète aussitôt un catéchisme et un missel. Une fois qu'elle a saisi le déroulement de la messe, elle s'y rend. Immédiatement après, elle va voir le curé et lui demande de la baptiser. Ce dernier, fort surpris, lui répond que le baptême nécessite une préparation. Mais Edith Stein est prête. Elle le lui fait savoir en lui enjoignant de vérifier sur-le-champ ses connaissances. Impressionné par l'étendue de sa foi, il fixe la date de son baptême pour le 1er janvier suivant.

Le Carmel


Une fois qu'elle a reçu son baptême, Edith désire déjà entrer au Carmel. Ce serait trop pour sa mère, qui a de la peine à accepter sa conversion. Edith Stein s'occupera donc encore quelques années dans le monde. Elle enseignera, traduira saint Thomas d'Aquin, donnera de nombreuses conférences, notamment sur le rôle des femmes dans la société.

Edith Stein fait son entrée au Carmel de Cologne le 14 octobre 1933. En recevant l'habit, elle reçoit le nom de sœur Thérèse Bénédicte de la Croix. Au couvent, elle est appréciée pour sa grande sincérité et son humour. Elle apprend peu à peu à se détacher de soi, à devenir vide devant Dieu pour laisser agir sa volonté, et continue ses recherches intellectuelles.

Le martyre


Carmes Fribourg Edith Stein
Les persécutions contre les juifs ont commencé, et sr Thérèse-Bénédicte se fait bientôt repérer par les nazis. Il faut souligner que bien que convertie au catholicisme, Edith Stein s'identifia toujours au destin du peuple juif. Elle réussit à être transférée au Carmel d'Echt, en Hollande, le 31 décembre 1938.

Après l'invasion de ce pays par l'Allemagne, elle cherche à émigrer en Suisse avec sa sœur Rosa, également devenue carmélite. Une femme proche des autorités fédérales fait tout son possible en décembre 1941 pour qu'Edith Stein et sa sœur soient acceptées au Carmel du Pâquier. Mais l'autorisation sera accordée trop tard, soit le 29 août 1942, 3 semaines après sa mort.

Sr Thérèse-Bénédicte reste à Echt jusqu’au 2 août 1942, jour où, avec sa sœur Rosa, elles furent arrêtées par la Gestapo et déportées.

La raison de cette déportation fut la lettre de l’épiscopat hollandais dénonçant les déportations des juifs. Cette lettre fut lue dans toutes les églises du pays ; c’est pourquoi plus de 300 religieux et religieuses d’origine juive furent arrêtées par les nazis.

Le 7 août, Edith et sa sœur, ainsi que d'autres déportées, ont été enfermées dans des wagons et conduites en train au camp d'extermination d'Auschwitz, un voyage qui a duré deux jours. Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix est morte dans la chambre du gaz le jour de son arrivée au camp d'Auschwitz, le dimanche 9 août 1942, et son corps a été brûlé dans un four crématoire.

Béatifiée le 1er mai 1987 et canonisée le 11 octobre 1998 par le pape saint Jean-Paul II. Le 2 octobre 1999, le même souverain pontife la proclame son co-patronne de l'Europe.