
Jean de la Croix était alors prieur au Monastère de Los Martires, à Grenade en 1582 et se rendait souvent chez les carmélites de la même ville. Un jour ne pouvant s’y rendre, il avait envoyé à sa place le père Pedro et le père Evangelista. Comme ces pères arrivaient près du couvent, ils rencontrèrent un homme de belle prestance, à l’aspect vénérable. Cet homme s’approche d’eux et leur demande:
- D’où venez-vous, mes Pères?L’étranger disparut soudain. Arrivés au Couvent de los Martires, ils racontent tout à leur prieur. Mais frère Jean de la Croix n’a l’air de s’étonner de rien et dit:
- De chez les religieuses déchaussées, répond le père Pedro.
- Vous avez bien raison, de prêter votre ministère à ces soeurs, car cet Ordre plaît beaucoup à Notre Seigneur, et sa majesté l’estime beaucoup. C’est pourquoi il ira en grandissant beaucoup. Puis l’homme ajoute :
- Pères, pour quelle raison cet Ordre a-t-il une si grande dévotion à Saint Joseph?
- C’est que notre Sainte mère Thérèse lui était très dévote, parce qu’il l’avait
beaucoup aidée dans toutes ses fondations et lui avait beaucoup obtenu du Seigneur, ce qui fait que toutes les maisons qu’elle a fondées, elle les a mises sous le patronage de Saint Joseph.
- Et il y a une autre faveur, réplique le personnage. Regardez mon visage et ayez une grande dévotion pour ce saint ; il n’y aura chose que vous lui demandiez sans l’obtenir. »
- Vous ne l’avez pas reconnu? Sachez que c’était Saint Joseph! Allez vous agenouiller devant lui. Mais ce n’est pas pour vous qu’il est venu, mais bien pour moi qui n’avais pas pour lui toute la dévotion que je devais, mais je l’aurai à l’avenir!Extraits de:
- Crisogono de Gesù, Jean de la Croix, sa vie, Cerf, Paris 1982, p. 235-245
- (Crisogono de Gesù, Jean de la Croix, sa vie, Cerf, Paris 1998, p. 327-328)