« Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous : alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? (…) J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8)En cette période particulière que vous traversons, nous pourrions actualiser cette énumération de saint Paul : la pandémie ? le confinement ? la privation du sacrement de l’Eucharistie ?
Certes elle est immense la douleur de tous les membres de l’Église, de voir les fidèles privés du Sacrement par excellence où le Christ, source de vie, se donne à nous en personne. Mais Notre Seigneur Jésus ne nous abandonne pas. S’Il ne peut arriver aux âmes droites par les moyens ordinaires que Lui-même a instauré, Il est souverainement libre d’en trouver d’autres
Car, même si Jésus a choisi de nous communiquer sa grâce par la vie sacramentelle de l’Église, « Dieu lui-même n’est pas lié aux sacrements » (cf CEC 1257). Autrement dit, le fidèle qui répond aux dispositions prévues par l’Église pour recevoir le sacrement de l’Eucharistie, mais ne peut y avoir accès sans faute de sa part comme en cette période, peut fort bien recevoir les mêmes grâces que s’il participait physiquement à la Messe; par le moyen de la communion de désir ou communion spirituelle.
Nous sommes conscients que ce renoncement est difficile et coûteux mais, nous savons qu’il peut être source de fécondité s’il est accueilli et offert dans la foi. Pour nous prêtres, la célébration en absence de fidèles nous peinent aussi énormément, mais soyez assurés que nous ne vous oublions pas au moment de monter à l’autel. D’autant plus, que chaque Messe célébrée continue de déverser les grâces du Sacrifice Rédempteur sur toute l’humanité, et spécialement sur ceux qui désirent si ardemment participer à la célébration des Saints Mystères.
Par ailleurs la foi en l’amour inconditionnel du Christ pour chacun de nous personnellement « nous donne la certitude que Dieu ne permettrait pas le mal s’il ne faisait pas sortir le bien du mal même, par des voies que nous ne connaîtrons pleinement que dans la vie éternelle. » (CEC 324)
Si pour un majorité de nos contemporains, ce temps de confinement est à juste titre un temps d’épreuves et de douleurs, pour d’autres il est source de grâces. Certains ont enfin trouvé le temps de réfléchir au sens de leur vie, d’autres se découvrent une vocation à la vie contemplative, d’autres encore intensifient leur intimité avec le Seigneur par la lecture de la Parole de Dieu, par une ardente communion de désir, par l’oraison, par l’intercession pour les malades, les mourants, le personnel soignant, etc.
Puissions-nous offrir ce renoncement, ainsi que toutes nos souffrances au Seigneur pour toutes les personnes terrorisées par cette pandémie, pour tous ces démunis qui vont l'être encore plus, pour tous ceux qui sont confinés dans des conditions matérielles peu confortables, pour tous les morts et les familles endeuillées, etc, etc...
Et n’oublions pas de remercier le Seigneur pour la grâce du baptême. Parfois on se demande qu’est-ce que les baptisés ont de plus que les autres ; la réponse, les Saintes Écritures nous la donnent : c’est l’espérance. Cette parole de saint Paul parmi d’autres, l’illustre bien : « il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. » (1Th 4,13). Non pas une espérance qui reposerait sur de quelconques raisonnements humains, mais l’espérance fondée sur l’Événement qui est le socle de notre foi : à savoir la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Cheminons donc sereinement vers Pâques avec la Vierge Marie, notre Mère du Samedi Saint et notre Espérance dans la nuit. Puisse Notre-Dame du Mont-Carmel nous apprendre à porter ce poids de souffrance pour qu'il soit véritablement efficace, pour qu'il produise en nous la fécondité. Que Marie nous aide à entrer pleinement dans le mystère pascal de la Résurrection.
« C'est ainsi que nous pourrons boire aux sources du Sauveur ressuscité, abondamment, à la mesure de notre espérance et surtout, ô Vierge Marie, à la mesure de sa miséricorde et de votre tendresse pour nous.
Ô Vierge Marie, soyez mère pour nous, mère de la vie du Christ ressuscité! Soyez mère pour chacun d'entre nous, pour tous ceux que nous aimons, pour l'Église, pour le monde. » (Bx Marie-Eugène EJ)