dimanche 17 mai 2020

Homélie pour le 6ème Dimanche du Temps Pascal A

Pentecòte
Chers frères et sœurs,

Si le début du temps pascal nous aide à pénétrer davantage dans le glorieux mystère de la Résurrection du Christ Jésus, le premier paraclet, en ce dimanche la liturgie nous tourne résolument vers la célébration de la venue du Saint-Esprit, le second paraclet. Pour bien comprendre les raisons de cette seconde venue, le texte des Actes des Apôtres est particulièrement éclairant. Que nous dit-il ?
Philippe, un diacre, proclame le Christ aux foules de Samarie qui, d’un même cœur, se convertissent grâce aux nombreux signes accomplis : guérisons physiques, exorcismes, etc. On peut dire que son diaconat a été particulièrement fructueux ! à vues humaines, il ne me semble pas en avoir fait autant. Il est peut-être d’ailleurs temps que je me mette au travail !

Philippe ne laisse pas la grâce reçue s’éteindre en lui mais, avec un zèle tout élianique, il agit avec puissance pour annoncer la foi. Parmi les actes qu’il accomplit, il réalise des baptêmes, des baptêmes au nom du seul Seigneur Jésus, des baptêmes qui semblent ne pas faire descendre l’Esprit sur ceux qui le reçoivent. Voilà quelque chose de surprenant !
Les Apôtres apprenant cela, rejoignent alors notre diacre Philippe pour achever son œuvre. Le récit nous dit alors que « Pierre et Jean imposèrent les mains aux samaritains et ils reçurent l’Esprit Saint ».
Qu’est-ce que ce baptême « au nom du Seigneur Jésus » ? Nous pouvons penser qu’il est une reconnaissance de la messianité du Christ, une confession du fait qu’il est bien l’envoyé du Père pour notre salut. Cette confession peut-elle être vraie sans que le Saint-Esprit ne vienne dans le cœur de ceux qui la font ? Oui. Les démons reconnaissent le Christ mais cette reconnaissance se fait en dehors de toute charité, dans la haine parfaite de Dieu. C’est ce que l’on appelle la foi morte, la foi des démons.
J’ai du mal à penser que les samaritains soient dans cette situation. Il me semble plutôt que le Saint-Esprit a commencé à agir invisiblement en leurs âmes pour les préparer à vivre une nouvelle rencontre avec lui, une expérience plus intime, plus personnelle, mais aussi plus visible. L’Esprit Saint veut se révéler aux jeunes baptisés.
Comment vont-ils faire cette nouvelle rencontre ? Grâce à l’Église, par le ministère des Apôtres. Que vont-ils voir après qu’on leur ait imposé les mains ? L’Église ! rendue présente par les apôtres. L’Église, en qui le Saint-Esprit agit comme l’âme agit pour mouvoir le corps. Certes, on ne peut voir l’âme mais on l’a discerne dans les mouvements du corps. Ces mouvements nous font passer des réalités visibles aux invisibles.
Les Samaritains ont reçu le baptême en Jésus, ils leur manquaient l’expérience de l’Église où le Saint-Esprit brille déjà de mille feux pour ceux qui savent le reconnaître dans la foi.

Chers frères et sœurs, il me semble que notre première lecture nous décrit admirablement, en quelques lignes, l’itinéraire de toute vie spirituelle. En premier lieu nous rencontrons le Christ ressuscité grâce à une prédication charismatique. Puis, le Christ nous conduira à une rencontre avec l’Église, où nous verrons le Saint-Esprit agir. Par l’Église, nous rencontrerons le Saint-Esprit qui la vivifie, l’unifie et la fait agir. Nous ne voyons pas le Christ ressuscité, nous ne voyons pas le Saint-Esprit mais nous voyons l’Église qui nous conduit mystérieusement à une rencontre avec le Christ et le Saint-Esprit. C’est dans cette Église que les croyants peuvent voir le Christ « vivant » et vivre de son Esprit. « D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi ».
Aux yeux du monde, l’Église n’est parfois qu’une institution caritative parmi d’autres. Pour le chrétien, celui qui garde amoureusement les commandements divins, c’est le corps rayonnant du Christ, animé par le Saint-Esprit.

La fête de la Pentecôte qui approche va être pour nous l’occasion de confesser publiquement et de renouveler notre amour de l’Église d’où nous viennent tous les dons du Saint-Esprit acquis par le Christ.
Pour nous y préparer, il convient de suivre l’itinéraire découvert dans notre première lecture. Pour commencer, nous devons réaffirmer notre désir d’aimer le Christ. Si nous désirons l’aimer, lui qui est assis à la droite du Père, le priera de nous envoyer « un autre Défenseur », « l’Esprit de vérité » qui demeurera auprès de nous, en nous (inhabitation divine). Alors, comme pour les samaritains, il se manifestera à nous par son Église, visible et invisible. Il se manifestera à nous par sa Très Sainte Mère, Reine et beauté du Carmel, par les Séraphins, les chérubins et les myriades d’anges, par ses apôtres et tous les saints du Ciel, par notre prochain, par vous. Ensemble, unis par la charité divine, unis dans la prière, nous ferons une nouvelle expérience de l’Église et du Saint-Esprit.
Prions donc pour que ce Divin Esprit vienne préparer nos cœurs à cette manifestation qui, si nous le voulons, si nous le demandons, va profondément renouveler notre personne, notre communauté et, par elle, transformer la face du monde. Viens Saint-Esprit ! Amen.

Fr. Elie-Joseph du Sacré-Coeur, diacre


[L : Ac 8, 5-8.14-17 ; Ps 65 ; L : 1 P 3, 15-18 ; Ev. : Jn 14, 15-21]