
"Jour de joie, jour d’allégresse ! Nous voici rassemblés pour rendre grâce à Dieu pour le don qu’Il fait à son Église à travers l’ordination de son prêtre Pablo, et pour rendre grâce pour le oui de Pablo à l’appel du Seigneur. Merci à chacun, chacune de vous d’être venus aussi nombreux pour entourer Pablo. Merci à nos chères sœurs moniales de Géronde pour votre accueil, votre prière.
Parmi les nombreux motifs de joie et de reconnaissance, notons l’heureuse coïncidence du calendrier liturgique. En effet, cette première messe, dans laquelle nous honorons Marie Mère de l’Église, se situe à mi-chemin entre la Solennité du Très Saint-Sacrement et la Solennité du Sacré Cœur de Jésus. Le lien étroit entre la Vierge Marie et l’Eucharistie, par conséquent entre la Vierge Marie et les prêtres, n’est pas à démontrer. Il y a aussi un lien profond entre le sacerdoce et le Cœur Sacré de Jésus. « Le sacerdoce, c’est l’amour du Cœur de Jésus.» disait le curé d’Ars. Et la Solennité du Cœur Sacré de Jésus a été instituée il y a quelques années comme la journée mondiale de prière pour la sanctification des prêtres.
Mais avant d’insister sur la nécessité de prier pour les prêtres, je vous propose une histoire, celle d’un ermite qui vivait retiré dans la montagne et voici qu’un jour il fit un rêve : Jésus lui apparaît et lui dit : «Viens, sors de ta cabane et regarde là devant ta porte, les trente jeunes qui sont là. J’ai l’intention de créer une œuvre magnifique sur la terre ; choisis en quinze.». L’ermite s’exécute et en voit d’abord un avec un visage extraordinairement éclairé ; les yeux tournés vers le ciel ; un contemplatif. Il se dit : « Parfait !Celui-là il prie, il est bien, je le prends.». Ensuite il y en avait un qui avait l’air d’avoir une intelligence très vive, des yeux perçants. «Je le prends aussi, il sera très utile pour la théologie.». Puis un autre qui était d’une très grande beauté. «Allez celui là aussi je le prends ; le monde aime la beauté, il attirera tout le monde.». Un autre avait un très grand élan apostolique : «Allez on le prend aussi.». Et ainsi de suite. Il en prend quinze; les quinze meilleurs, les plus denses sur le plan de l’intelligence, sur le plan de la présentation. Le Seigneur au bout d’un moment lui demande : «Tu as choisi ?». Alors il lui répond tout simplement : «Oui Seigneur j’en ai choisi quinze

Cette manière déroutante et typique d’agir de Notre Seigneur traverse toute la Bible : pensons à David petit berger qui a été choisi parmi les huit fils de Jessé pour recevoir l’onction royale ; pensons la Vierge Marie, l’humble servante du Seigneur ; aux Apôtres, qui n’étaient vraiment pas des surhommes, ni des génies ; au Curé d’Ars, dont la scolarité fut laborieuse. Dieu accomplit son œuvre à travers des personnes très faibles et que nous n’aurions jamais choisies. La puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse. D’ailleurs le salut apporté par le Christ, ne s’est-il pas déployé dans la faiblesse, la pauvreté, la vulnérabilité, de la crèche à la Croix ? Alors Pablo si tu te sens faible, craintif tremblant, pris de vertige face à ce ministère, c’est bon signe ! Bienvenue dans le groupe des 15 choisis par le Seigneur.
Le Curé d’Ars disait : « Oh ! Que le prêtre est quelque chose de grand ! S’il se comprenait, il mourrait. » (D’amour.) Oui ce trésor du sacerdoce est porté par des vases d’argile. Il est impossible de répondre à un tel appel en s’appuyant uniquement sur ses propres forces, sur ses seules qualités humaines. La juste attitude est celle de celui qui attend tout de Dieu, qui est suspendu à la grâce de Dieu à chaque instant dans prière, qui met toute sa confiance dans le Seigneur.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, lors d’un pèlerinage diocésain à Rome a découvert que des prêtres, qu’elles appelaient de saints prêtres, sont néanmoins des hommes faibles et fragiles. Une des raisons de son entrée au Carmel était de prier pour les prêtres. C’est n’est d’ailleurs pas le monopole du Carmel, que de prier pour les prêtres. C’est la responsabilité de chaque baptisés de porter les prêtres par leur prière. Les prêtres sont souvent seuls avec leurs faiblesses, leurs peurs aussi, dans une solitude qui parfois leur pèse. C’est important de les entourer, de leur témoigner notre amitié. Et s’ils tombent, que Dieu les en garde ! c'est tragique, voire même inqualifiable; mais demandons-nous si nous n'aurions-nous peut-être pas, dans certains cas du moins une petite part de responsabilité ? Peut-être que le Seigneur et la Vierge Marie auraient aimé que nous les soutenions davantage par notre prière ou nos gestes bienveillants ?

Or souvent, au lieu de prier nous préférons critiquer ; que ce soit sa manière d’organiser la paroisse, ses homélies, sa manière de s’habiller, etc. C’est un point de vigilance et de conversion à exercer à tous les niveaux. C’est toujours triste d’entendre un fidèle critiquer un prêtre. Comme c’est tout aussi triste d’entendre un prêtre critiquer un confrère, un évêque ou le pape. Alors comment y remédier ? S’efforcer de remplacer la critique par l’acte de foi, et faire ressortir les qualités de la personnes. On en trouve toujours, chez tout le monde. Si Dieu a choisi les prêtres que nous avons, c’est parce que c’est ce qu’il y a de mieux pour nous, comme nous l’avons vu avec la petite histoire de l’ermite. Critiquer un prêtre, un évêque, le pape, est-ce que ce ne serait pas critiquer le choix de Dieu.
Pour conclure rendons grâce pour cette belle vocation du prêtre qui est d'apporter Dieu aux hommes et les hommes à Dieu.
Mon Dieu, Sainte Trinité, nous te remercions pour Pablo, ton nouveau prêtre. Nous te prions pour qu’il te plaise de répandre en lui ton Esprit de sainteté, nous te prions pour qu’il soit uni toujours plus profondément à Jésus, dans une relation filiale à notre Père du Ciel, sans cesse, à l’écoute de l’Esprit Saint. Daigne Seigneur, garder dans son cœur l’esprit de prière, l’esprit de détachement, une inaltérable et limpide chasteté, toujours plus forte que les tentations. Que par son amour pour la Vierge Marie, de nombreuses grâces mariales soient semées dans le monde, qui révèlent à quel point Marie est notre Mère, et Mère de l’Église."
(Selon diverses sources)