dimanche 18 octobre 2020

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

A César A Dieu
Homélie 29e Dimanche TO A (Mt 22,15-21)

Les pharisiens qui ont posé à Jésus cette question sur les impôts étaient intéressés par une chose: mettre Jésus en difficulté avec les autorités. Jésus a bien repéré leur stratagème, mais au lieu de les ignorer ou de les humilier, il leur a donné une leçon.Et cette leçon est aussi valable aujourd'hui qu'elle l'était il y a vingt siècles: « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » 
Chaque chrétien dispose d’une double citoyenneté : 

  • notre naissance a fait de nous des citoyens d'une nation terrestre ;
  • mais notre baptême a fait de nous des citoyens d'un royaume céleste. 
Un jour, notre citoyenneté terrestre prendra fin, tandis que notre citoyenneté céleste durera pour toujours.

Dans l’Évangile d’aujourd'hui, le Christ nous rappelle que, nous avons à vivre ces deux citoyennetés de manière aussi harmonieuse que possible. 
Voyons d’abord les devoirs de la citoyenneté céleste (Rendez à Dieu). Qu’est-ce qui appartient exactement à Dieu ?
La réponse figure dans les toutes premières pages de la Bible.
Tout ce que nous sommes, tout ce que nous possédons et tout ce que nous pouvons espérer, nous est venu ou nous vient de Dieu

Et comme la pièce romaine portait l'image de l'empereur, de même l' âme humaine porte un sceau, celui de «l'image et de la ressemblance» de Dieu , notre Créateur et notre Père . Dieu a appelé chacun de nous à l' existence afin que nous puissions développer une relation d’amitié, une relation personnelle avec lui.
Comme le dit le Catéchisme (no 44): " Venant de Dieu, allant vers Dieu, (...) L’homme est fait pour vivre en communion avec Dieu en qui il trouve son bonheur. "
Et donc, rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu signifie obéir à ses commandements, qu’il faut accueillir comme des paroles de vie dont l’objectif est de nous conduire sur le chemin de l’éternité, du bonheur sans fin.
Ces commandements nous invitent à rendre un culte à Dieu, un sacrifice de louange, d’adoration d’action de grâces à Dieu, en se détournant des idoles, en observant le jour du Seigneur. Ces mêmes commandements nous engagent aussi à protéger la vie de sa conception à sa fin naturelle, à protéger le bien de son prochain.

Voyons maintenant les droits et devoirs de notre citoyenneté terrestre Rendez à César (César  symbolise la communauté civique ou politique)
Ces droits et devoirs découlent de nos devoirs envers Dieu .
C’est Léon XIII qui l’affirmait, « les vrais droits de l’homme naissent précisément de ses devoirs envers Dieu ».
Par exemple, le droit à la vie est une conséquence de l’interdit du meurtre, la liberté de religion découle de notre devoir de rendre un culte à Dieu.
Le chrétien est certes tenu d’obéir aux lois de la société civile, pour autant que celles-ci sont justes et bonnes. Elles sont justes, quand elle ne sont pas contraires aux commandements divins. Elles sont bonnes quand elles respectent les libertés et les droits fondamentaux de tout être humain, comme le droit à la vie, la liberté de religion, la liberté de conscience etc. « Si, en raison des conditions et des structures, cette liberté leur était enlevée, le monde, en définitive, ne serait pas bon, parce qu'un monde sans liberté n'est en rien un monde bon. » (Spe Salvi 30).
Les lois sont mauvaises quand elles défigurent l’image et la ressemblance de Dieu inscrite en l’homme.

Hélas dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (ONU 1948), les textes omettent volontairement de faire référence à Dieu comme origine de l’homme et de sa dignité, contrairement à de nombreuses constitutions nationales.

Cette omission du divin a eu des conséquences dramatiques; elle a favorisé une désincarnation de la dignité humaine, qui a progressivement été réduite à l’autonomie et à la volonté individuelles. C’est cette transformation qui a conduit par exemple, certains défenseurs des droits de l’homme à inclure la PMA ou le changement de sexe dans le droit au respect de la vie privée.

Forts de ces quelques considérations on peut se demander quelle est la place du chrétien dans notre société ?
Elle est très importante, même si elle est inconfortable. Cette place, d’ailleurs a de tous temps été inconfortable, mais ce n’est pas une raison pour se désintéresser du fait politique. Il ne devrait pas y avoir de dichotomie entre le chrétien et le citoyen. Le chrétien est appelé à être le levain dans la pâte de notre société.
Nous ne devons pas avoir peur de rendre compte de l’espérance qui est en nous, ni d'expliquer notre point de vue et les enseignements de l'Église lorsque l’occasion se présente.
Nous sommes les messagers de Dieu ; nous avons quelque chose d' important - quelque chose de crucial - à apporter à la société civile. L’homme d’état irlandais Edmund Burke a dit un jour: "Tout ce qu'il faut pour que le mal triomphe, c'est que les hommes bons ne fassent rien." Même si on ne peut absolutiser cette formule, elle a le mérite de nous rendre attentifs aux conséquences tragiques de la passivité.

Dès lors donnons à Dieu ce qui appartient à Dieu (rien de moins), et donnons à César ce qui appartient à César (rien de plus ).

Qu’au cours de cette Eucharistie, le Seigneur nous accorde le courage de prendre part à la vie de la cité, chacun selon ses charismes. Qu’Il nous accorde d’être toujours fidèles à notre véritable patrie éternelle, jusqu’à nous opposer à César, s’il le faut, lorsqu’il essaie de prendre ce qui appartient à Dieu ; même si cela peut entraîner des répercussions douloureuses ici sur terre...

(Selon diverses sources)