jeudi 21 octobre 2021

Homélie du 15 octobre 2021 - Solennité de Sainte Thérèse d’Avila

 « Donne moi à boire ». Ces mots de Jésus adressés à la Samaritaine dans notre évangile résume bien la raison qui a poussé notre Mère, Sainte Thérèse, à réformer le Carmel.

Thérèse Avila

Apprenant les calamités qui désolaient la France, Thérèse de Jésus éprouve une douleur profonde. Elle se rend compte que ceux qui devraient aimer et consoler le Seigneur, sont ceux-là même qui l’offensent le plus. « Le monde est en feu, dira-t-elle,... on cherche à renverser l’Église du Christ...» Et Thérèse invite ses sœurs à ne pas se préoccuper d’elles-mêmes mais des intérêts de Notre Seigneur.

Comme sur la croix, Jésus a soif de notre amour. Cette magnifique scène d’Évangile que nous venons d’entendre, nous rappelle, s’il en était besoin, que c’est bien Jésus qui prend l’initiative de l’appel.

Mais posons-nous la question ! Pourquoi Dieu qui est « amour » demande-t-il notre pauvre amour humain ? Jésus est venu pour nous donner l’exemple et nous montrer ce qu’il faut demander dans notre prière. Car la finalité de notre vie sur la terre ne se réalise véritablement qu’à partir du moment où nous aimons de manière désintéressé Dieu et notre prochain, comme Jésus nous l’a montré.

Mais malheureusement le péché, qui est un refus d’amour, refus de se donner, blesse tout notre « être » et nous replis sur nous-mêmes. Et dans cette attitude nous oublions de nous tourner vers Celui qui seul peut nous guérir : le Christ.

Écoutons à ce propos ce que nous dit notre Mère sainte Thérèse dans le Chemin de perfection :

« O Seigneur ! Tout le mal vient de ce que nous ne tenons pas les yeux fixés sur Toi... Et nous faisons mille chutes, mille faux pas et en fin de compte nous nous égarons, cela, je le répète, parce que nous ne fixons pas les yeux sur la voie véritable. On dirait que nous n’y avons jamais marché, tant elle nous étonne. Vraiment, c’est pitié de voir ce qui se passe quelquefois ! Est-on effleuré par le plus imperceptible mépris, on n’y tient plus, on trouve cela intolérable, et l’on dit aussitôt : « Nous ne sommes pas des saints ! »

Dieu nous garde, (mes sœurs,) de dire après un acte imparfait : « Nous ne sommes pas des anges, nous ne sommes pas des saintes ! ». Sachez que si nous ne le sommes pas, il nous est très avantageux de penser qu’avec des efforts et l’aide de Dieu, nous pouvons le devenir. Soyez très certaines que si nous n’y arrivons pas, la faute n’en revient pas à Lui mais à nous...

Reconnaissons-nous qu’une chose est agréable à Dieu, croyons aussitôt qu’avec son secours nous pouvons l’exécuter. Une présomption de ce genre est celle que je voudrais voir régner dans cette maison, parce qu’une sainte hardiesse fait croître l’humilité. Dieu vient en aide aux âmes courageuses... » (Chapitre 16,11-12)

Notre Mère Sainte Thérèse nous rappelle ici deux choses essentielles : avoir les yeux fixés sur Jésus et Lui demander d’être déterminé à le suivre jusqu’au bout !

Et s’il nous arrive de nous attrister de notre vie passée, sachons que Jésus peut tout a fait réparer dans nos vies ce qui n’a pas été bon. Et chacun de nous, unis au Christ, nous pouvons réparer pour les autres, pour le monde. Cela va très loin, frères et sœurs. Nous pouvons réparer les méchancetés de tous les temps en n’aimant davantage le Christ, en Lui en exprimant le désir et en lui demandant son aide… Ainsi le mal ne l’emportera pas ! Si nous le savions ! Si nous le vivions !

Alors, n’oublions pas de contempler souvent Jésus sur la croix qui porte sur Lui notre péché et qui dans le même temps donne tout son amour malgré la faiblesse qui l’accable et la haine qui l’entoure. Sur le Golgotha, la haine, le péché sont définitivement vaincus. Mystérieusement à nos yeux, Dieu remporte sa plus belle victoire d’amour sur la croix.

C’est au moment de la croix que se réalise pleinement le don de l’« eau vive » qui sort du côté ouvert du Christ ; cette « eau vive » confié à l’Église et qui nous est donnée au Baptême. c’est cet Esprit d’amour, Dieu lui-même qui se donne.

Quand le Christ nous demande à boire, c’est bien notre pauvre amour qu’il attend, notre participation et l’eau vive qu’il veut nous donner en retour est bien la richesse de son amour, l’Esprit-Saint, qui seul peut nous combler...

Et au Carmel, cette « eau vive » nous est particulièrement communiquée dans la vie d’oraison. Ne nous en privons pas et imitons le Christ qui s’humilie devant sa créature au point de mendier son amour.

En cette solennité de notre Mère Sainte Thérèse, demandons au Seigneur ce matin de venir briser en nous la dureté de notre cœur et de le purifier par les larmes du repentir afin de ne plus l’offenser mais surtout de le consoler et de l’aider à conquérir pour son amour le cœur de tous les hommes qui cheminent encore loin de lui. Amen.