Cette nuit, nous avons contemplé un bébé emmailloté dans une crèche. Ce matin, saint Jean nous révèle que cet enfant est le Verbe de Dieu, sa Parole, la pleine Révélation de son Amour pour nous.
L’événement que nous célébrons aujourd'hui, la nativité de Notre Sauveur, est le point central de l'histoire de notre humanité. La datation de l'histoire d’ailleurs l’exprime : il y a un avant et un après Jésus Christ.
Pour célébrer cette merveille et pour nous aider à prendre la mesure de cet évènement, la liturgie nous propose non seulement de célébrer Noël durant 8 jours, toute une octave, mais nous propose également pour ce jour béni entre tous, quatre messes différentes, avec chaque fois une visée différente.
Il y a d’abord la Messe de la Veille, où nous méditons les paroles de l'Ange à saint Joseph l’invitant à ne pas avoir peur d’accueillir dans sa maison Marie et l'Enfant qu’elle porte ; et nous demandons à Dieu la grâce de nous aider à accueillir joyeusement Jésus, comme notre Rédempteur.
À la Messe de minuit, nous contemplons la gloire de Dieu qui rayonne en présence des anges alors qu'ils annoncent la bonne nouvelle d'une grande joie aux bergers, et nous prions le Seigneur afin que la Lumière du Christ puisse éclairer toutes ténèbres.
A la Messe de l’aurore, nous accompagnons les bergers dans leur hâte de se rendre à Bethléem pour voir l'Enfant Sauveur et nous demandons au Seigneur de nous aider à aller à la rencontre du Christ.
A la messe du jour de Noël, la tonalité est complètement différente, avec le prologue de saint Jean qui est l'un des passages les plus profonds de toute la Sainte Écriture. Il n'y a pas d'anges qui chantent, pas de bergers qui passent la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux, pas d'étoiles, pas de petite ville de Bethléem, pas de bébé emmailloté, pas de Marie ni de Joseph.
Mais cet Évangile nous enseigne, que l'enfant placé dans la crèche est l'Incarnation même du Verbe, qui était au commencement avec Dieu et qui était Dieu, que cet Enfant est le Verbe éternel qui, par amour pour nous a pris notre chair, toute notre nature humaine, et a fait sa demeure parmi nous.
Puis cet Évangile soulève la question de savoir si nous acceptons ce don ineffable ou si nous le rejetons, comme ces aubergistes de Bethléem qui refusaient d’accueillir Joseph et Marie sur le point de mettre au monde Notre Sauveur
Saint Jean précise : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu.»
Ce mais est peut-être l'un des « mais » les plus importants de l'histoire :
«Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.»
Si nous accueillons vraiment Jésus, si nous le recevons comme il veut être reçu, alors nous recevons le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Telle est la réalité extraordinaire de ce que Noël vient apporter.
C'est le mystère que nous contemplons et implorons dans la prière d'ouverture de la messe. En nous tournant vers Dieu le Père, nous prions : « Seigneur Dieu, tu as merveilleusement créé l’être humain dans sa dignité, et tu l'as rétabli plus merveilleusement encore : accorde-nous d’être unis à la divinité de ton Fils qui a voulu prendre notre humanité.»
Après la chute, Dieu envoie son Fils pour nous relever et nous élever à une dignité plus grande encore. Le mystère le plus profond de Noël, est le merveilleux échange qui se produit entre Dieu et nous lorsque nous acceptons le don que Christ est, et nous donne.
Jésus a pris notre humanité pour nous donner d’être participants de la vie divine, de la vie même de Dieu.
La liturgie le dit textuellement dans la Préface que le prêtre prononce plus tard à la messe . Il prie le Père : « Par lui (-le Christ-) resplendit en ce jour l'échange merveilleux où nous sommes régénérés : lorsque ton Verbe prend sur lui la fragilité humaine, contre condition mortelle en reçoit une infinie noblesse ; il devient tellement l'un de nous que nous devenons éternels.»
Voilà pourquoi le Christ s’est fait homme, voilà pourquoi le Seigneur nous a créés et nous a rachetés par le sang de son Fils !
Cet échange merveilleux est la plus conséquent de tous les temps.
C’est ce qui nous est rappelé à chaque messe au moment de l’offertoire quand au moment de verser une goutte d’eau dans le calice, le prêtre reprend une partie de la prière d’ouverture du jour de Noël: « Comme cette eau (qui symbolise notre humanité) se mêle au vin (qui symbolise la divinité du Christ) puissions-nous être unis à la divinité du Christ de celui qui a pris notre humanité.»
La Messe est le lieu où nous recevons de plus en plus le pouvoir de devenir enfants de Dieu, glorifiant notre Père céleste. C’est là que nous demandons à l’Esprit-Saint de faire de nous une éternelle offrande à sa gloire. C'est là que nous apprenons à rendre à Dieu la plénitude du culte divin. C'est là que l' admirable échange que le Christ est venu apporter au monde atteint son point culminant.
Lors de chaque Eucharistie, cette parole de st Jean s’actualise :
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Cela nous amène à nous agenouiller devant la crèche et à nous écrier avec reconnaissance : Venez Adorons le Seigneur!