Introduction
Frères et soeurs,
En ce jour de la fête nationale, nous pensons bien naturellement à notre beau pays de Suisse et nous le recommandons ainsi que ses habitants au Seigneur dans cette Eucharistie.
Partout en Suisse, les communes allument des feux de joie et des feux d'artifice, en maints endroits des enfants défilent dans les rues, des défilés rassemblent des personnes en costume traditionnel, des choeurs de yodel, des joueurs de cors des Alpes et des lanceurs de drapeaux.
Dans tout le pays des personnalités politiques de tous les niveaux prononcent des discours pour célébrer la fête nationale.
Nous reviendrons dans l'homélie sur la signification de ce grand jour qu'est le 1er août. C'est en pensant à tous ceux et à toutes celles qui "ont fait leur devoir" en aimant leur pays que nous nous préparons à célébrer cette Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs.
Homélie
Le 1er août, la Suisse commémore le pacte fédéral signé par les cantons d'Uri, Schwitz et Unterwald en 1291 pour renouveler leur alliance et leurs vœux d'assistance en cas de menace d'agression. Selon la légende, les représentants des trois cantons fondateurs "les trois Suisses" auraient fait le serment de libérer leur terre sur la célèbre prairie du Grütli, qui surplombe le lac des quatre cantons. C'est le jour de la fête nationale.
Comment ne pas penser à Guillaume Tell, le héros de l'indépendance suisse ! Et à Friedrich von Schiller qui a écrit le drame fameux où Guillaume Tell devait tirer avec son arbalète sur une pomme placée sur la tête de son fils !
Certes nous ne sommes plus en 1291 ou en 1804, date de la célèbre œuvre de Schiller ! ou même en 1943 à l'époque du grand général Guisan. ...
et pourtant par moment nous pouvons ressentir comme le dit Albert Samain :
Il est des nuits de doute où l'angoisse vous tord,
Où l'âme au bout de la spirale descendue
Pâle et sur l'infini terrible suspendue
Sent le vent de l'abîme et recule éperdue"
Mais en ce jour, dans l'évangile de Matthieu, nous est posée une question et les paroles de Jésus, ses gestes de salut ne peuvent nous laisser indifférents ou bien ils suscitent l'adhésion, la foi, la confiance ou bien il génèrent la méfiance, l'hostilité, le refus.
Le destin de Jésus rejoint celui de tous les prophètes bien que leurs paroles viennent de Dieu, ils sont rejetés par leurs parents, leurs amis, animés par une jalousie à la fois étrange et compréhensible : ils déstabilisent les institutions établies par des gestes à bien des égards provoquants : pardonner aux pécheurs, guérir un lépreux.
C'est que le fils de Joseph, le charpentier, est le fils de Marie, il est d'une autre descendance, il est le fils de Dieu venu guérir et sauver tous les hommes.
Chers amis du beau et touchant pays de Suisse que nous fêtons aujourd'hui, il n'y a pas lieu de craindre Dieu et son Fils Jésus, le Fils de Dieu. Prenons conscience de la proximité de Dieu et osons nous poser quelques questions :
Que faisons-nous de la proximité de Dieu dans les hommes et les femmes qui cherchent auprès de nous un refuge et un avenir ?
Que faisons-nous aussi de la terre, de l'eau et de l'espace si majestueux, où nous vivons, expression tangible de l'amour de Dieu pour nous ?
Quelle place enfin donnons-nous aux plus fragiles et au plus démunis en qui le Christ s'identifie ?
Patrie, liberté et paix ne sont pas des entités toutes faites, conservées à jamais, dans la sécurité de nos systèmes civils. La proche actualité nous le confirme ! ce sont des réalités à accueillir avec humilité. Notre tâche est de les mettre en pratique avant d'en faire une théorie.
D'ailleurs ceux qui nous ont précédés ne sont pas partis de définitions abstraites ou de grandes déclarations pour constituer le premier noyau de la Confédération. Ils ont commencé par faire les pas possibles du moment, en vivant ensemble mais différemment ce qui était tenu pour acquis.
Que saint Nicolas de Flue, notre patron et artisan de paix, nous aide à redécouvrir le chemin de la paix aujourd'hui !
Engageons-nous chaque jour à faire de chaque frontière qui sépare la possibilité de surmonter tout orgueil et tout isolement.
Travaillons à surmonter en nous-mêmes la stérilité des conflits. Reconnaissons ensemble, sur la terre sublime qui nous a été donnée et que nous aimons, la proximité du Royaume de Dieu.
L'extrême beauté du pays où nous vivons doit nous aider à louer le Seigneur qui nous aime. La proximité de Dieu est un défi permanent. Lorsqu'elle est reconnue et vécue c'est une bénédiction sans fin ! Jésus, le Fils de Dieu, est venu guérir et sauver tous les hommes !
Dans cette Eucharistie, nous pouvons avoir un avant-goût de la proximité de Dieu. Certes, c'est dans la nuit et dans le mystère, mais aussi vraiment avec toute l'intensité et la force du mystère pascal de Jésus crucifié mais ressuscité d'entre les morts. La transformation des cœurs est toujours possible !
Rendons grâce à Dieu d'accueillir son fils comme le sauveur de nos vies et renouvelons dans la célébration eucharistique notre adhésion à sa personne. AMEN.