jeudi 5 novembre 2020

Bienheureuse Françoise d’Amboise 1427-1485

Bse Françoise d’Amboise Le 5 novembre, l’Ordre du Carmel et le diocèse de Nantes font mémoire de la Bienheureuse Françoise d’Amboise, duchesse de Bretagne, et introductrice des Moniales carmélites en France. (Cette mémoire est célébrée le 4 novembre dans l'Église de Dieu qui est en France.)

Née en 1427, Françoise d’Amboise fut élevée à la Cour de Bretagne entre le duc Jean V, grand admirateur de saint Yves et la duchesse Jeanne de France, disciple de saint Vincent Ferrier. Elle y fut mariée au second fils du Duc, Pierre, qui succédera à son frère aîné sur le trône ducal en 1450. A partir de son mariage, Françoise seconda efficacement son mari, l’empêchant notamment de céder aux seigneurs qui le poussaient à augmenter les impôts pesant sur le peuple, le secondant dans la charge du duché et lui inspirant intégralement les « Constitutions de Pierre II » dont l’article 26 instaura en particulier le premier système d’aide judiciaire, lequel fut étendu à la France par le Roi Henri II et perdura jusqu’à l’abolition des privilèges à la suite de la nuit du 4 août. Expliquant toujours que « Religion sans charité n’est que corps sans âme et fontaine sans eau », elle se distingua par l’aide qu’elle apportait aux pauvres. Les générations suivantes s’en souviendront jusqu’à chanter, lors de sa béatification en 1863 : « Ta main leur prodiguait l’aumône, ton cœur leur prodiguait l’amour ».

Bse Françoise d’Amboise
Statue - Cathédrale de Nantes
Après le décès du Duc, la « Bonne Duchesse », décida d’entrer au couvent, respectant le vœu qu’avec son mari ils avaient faits ensemble au moment de leur mariage et qu’elle avait réitéré devant la statue de Notre-Dame de la Tronchaye dans la collégiale de Rochefort-en-terre. Pour mener sa vocation à bien, elle dut s’opposer à la volonté du nouveau Duc, Arthur III de Richemont, l’ancien compagnon d’arme de Jeanne d’Arc et surtout à celle du Roi de France, Louis XI. A la demande du Bienheureux Jean Soreth, 25ème prieur de l’Ordre des Carmes, elle accueillit à Nantes, deux bretonnes et sept béguines venues de Liège avant de les installer aux environs de Vannes où elles s’isolèrent dans la vie contemplative selon la spiritualité du Carmel. Quelques années plus tard, le 25 mars 1468, ayant triomphé de tous les obstacles dressés sur sa route, elle fut reçue parmi « ses » carmélites. Désormais il n’y aura plus de Duchesse, mais seulement sœur Françoise.

Modèle d’humilité, toute tournée vers les autres, soignant les malades dont personne ne voulait s’occuper et se mortifiant en permanence, elle impressionnait aussi son entourage par son esprit d’obéissance. Communiant le plus souvent qu’elle le pouvait, se confessant au moins tous les quinze jours, sœur Françoise enseignait à tous que « le Saint-Esprit venant au monde (…), le reprend principalement de trois péchés : de négligence à obéir, de lâcheté à faire pénitence et de curiosité à remarquer les fautes d’autrui ».
Bse Françoise d’Amboise
Croix du Grand-Fougeray
Elle, qui avait été accoutumée à traiter avec fermeté les affaires les plus importantes, qui avait fait preuve d’une volonté sans faille et dont l’ascendant sur tous les esprits de son temps était sans égal, avait désormais totalement renoncé à son propre jugement et à sa propre volonté : « Jésus-Christ, notre cher époux, nous a appris le chemin de l’humilité ; étant venu en ce monde pour servir et non pour être servi, il s’est humilié jusqu’à la mort de la croix : je le veux imiter ».

Élue prieure de son couvent, sœur Françoise a exercé son autorité avec autant de fermeté que de bienveillance. Elle réforma son ordre, un siècle avant sainte Thérèse d’Avila, y introduisant en particulier la communion fréquente et y imposant le vœu de perpétuelle et stricte clôture. Par ses exhortations spirituelles, elle passa beaucoup de temps à enseigner ses religieuses. Mais elle n’en oublia pas pour autant le monde, soutenant spécialement le jeune dominicain Alain de La Roche pour remettre en honneur la dévotion au Saint Rosaire.

En 1485, elle se dévoua à l’infirmerie pour soigner une religieuse incurable et à cette occasion, contracta la peste dont elle mourut le Vendredi 4 novembre à 15 heures. Sa dernière exhortation qu’elle laissa en guise de testament : « Sur toute chose, faites que Dieu soit le mieux aimé ! ». Tandis que les sœurs récitaient à ses côtés le Stabat Mater Dolorosa, elle s’endormit dans la paix du Seigneur en disant : « Adieu mes filles, je vais expérimenter à présent ce que c’est que d’aimer Dieu ».

Bse Françoise d’Amboise
Reliquaire - Cathédrale de Nantes
Françoise d’Amboise s’est donc montrée toute sa vie, active et, comme on dit aujourd’hui, engagée. Mais la source de son action, la source de son engagement, fut toujours la prière, l’oraison et, avant tout, l’Eucharistie. Il n’y a pas eu deux personnes successives en cette princesse mais une seule et même enfant de Dieu qui a rayonné autour d’elle l’Amour dont elle était habitée. Cet Amour qui a fait d’elle une fille très aimante, une épouse fidèle, une duchesse attentionnée, une carmélite humble et priante, une prieure exemplaire. Cet Amour qui lui a permis d’aller à la rencontre des plus petits, de tenir tête aux plus grands, de soigner ceux qui souffraient, d’éduquer ceux qui l’entouraient, tout en étant toujours en toutes circonstances gaie, accueillante et aimable.

Lors de sa béatification, le Père Hyacinthe, ocd, a insisté sur le fait que la Bienheureuse demeurait toujours pour tous les temps, un modèle de sainteté dans la famille, dans l’État et dans l’Église.

(Merci à M. François Schwerer, l'auteur de cet article.)