jeudi 13 septembre 2018

14 septembre, fête de l'Exaltation de la Croix

Edith Stein 14 septembre Carmel EDITH STEIN, Source cachée, extraits de l’exhortation du 14 septembre 1941, en la Fête de l’Exaltation de la Croix :

"Suivre le Sauveur, cela signifie pour nous religieux nous laisser fixer à la croix par les trois clous des saints vœux. Exaltation de la croix et renouvellement des saints vœux ne font qu'un.

Le Sauveur nous a précédés sur le chemin de la pauvreté. Tous les biens du ciel et de la terre lui appartenaient. Ils ne présentaient pour lui aucun danger: il pouvait en faire usage tout en gardant son cœur entièrement libre. Mais il savait qu'il est presque impossible à un être humain de posséder des biens sans s'y subordonner et en devenir esclave. C'est pourquoi il abandonna tout et nous montra ainsi par son exemple plus encore que par ses paroles que seul possède tout celui qui ne possède rien. Sa naissance dans une étable et sa fuite en Égypte montraient déjà que le Fils de l'homme ne devait pas avoir d'endroit où reposer la tête. Qui veut le suivre doit savoir que nous n'avons pas ici-bas de demeure permanente. Plus vivement nous en prendrons conscience, plus ardemment nous tendrons vers notre demeure future et nous exulterons à la pensée que nous avons droit de cité au ciel. [...]

Que ta volonté soit faite! C'était bien là toute la vie du Sauveur. Il vint dans le monde pour accomplir la volonté du Père : non seulement afin d'expier le péché de désobéissance par son obéissance, mais encore pour ramener les hommes vers leur vocation sur le chemin de l'obéissance. Il n'est pas donné à la volonté de
14 septembre Carmella créature d'être libre en étant son propre maître; elle est appelée à s'accorder à la volonté divine. S'y accorde-t-elle par sa libre soumission, il lui est alors offert de participer librement à l'achèvement de la création. S'y refuse-t-elle, la créature libre perd aussi sa liberté. La volonté de l'homme conserve encore le libre arbitre mais il est sous le charme des créatures, elles le tirent et le poussent en des directions qui l'éloignent de l'épanouissement de sa nature tel que Dieu l'a voulu et l'écartent du but qu'il s'est fixé lui-même dans sa liberté originelle. En plus de cette liberté originelle, il perd la sûreté de sa résolution. Il devient changeant et indécis, tiraillé par des doutes et des scrupules ou endurci dans son égarement. Contre cela, il n'est pas d'autre remède que le chemin de la suite du Christ, le Fils de l'homme qui non seulement obéissait directement au Père des cieux mais se soumettait aussi aux hommes qui lui signifiaient la volonté du Père. L'obéissance telle que Dieu l'a voulue libère notre volonté esclave de tous les liens des créatures et la ramène vers la liberté. C'est donc aussi le chemin vers la pureté du cœur.

Aucun lien d'esclavage n'est plus solide que celui des passions. Sous leur poids, le corps, l'âme et l'esprit perdent force et santé, transparence et beauté. De même qu'il est à peine possible à l'homme d'après le péché originel de posséder sans se laisser posséder, de même tout penchant naturel risque de dégénérer en passion, avec toutes ses conséquences destructrices. Dieu nous a donné deux moyens pour y remédier: le mariage et la virginité. La virginité est le plus radical et, précisément à cause de cela, le plus facile des chemins. Mais ce n'est certainement pas la raison la plus profonde pour laquelle le Christ nous y a précédés. Déjà le mariage est un grand mystère comme signe de l'union du Christ et de l’Église, et en même temps comme instrument de cette union. Mais la virginité est un mystère encore plus profond: elle n'est pas seulement signe et moyen de l'union nuptiale avec le Christ et de sa fécondité surnaturelle, elle en est la participation. Elle s'origine dans les profondeurs de la vie divine et y ramène. Le Père éternel a donné tout son être à son Fils dans un amour sans
réserve. Et de même, c'est sans réserve que le Fils se donne au Père en retour. A ce don total de personne à personne, le passage du Dieu-homme dans l'existence temporelle ne pouvait rien changer. Il appartient au Père de toute éternité et ne pouvait se donner à aucun être humain. Il pouvait seulement
14 septembre Carmel
introduire les hommes qui voulaient se donner à lui au sein de l'unité de sa personne divine et humaine, comme membres de son Corps mystique, pour les présenter ainsi au Père. C'est dans ce but qu'il est venu dans le monde. Telle est la fécondité divine de son éternelle virginité: il peut donner la vie surnaturelle aux âmes. Et c'est aussi la fécondité des vierges qui suivent l'Agneau: elles peuvent accueillir la vie divine avec une puissance non affaiblie et un don de soi sans partage, elles peuvent la transmettre à leur tour à d'autres âmes en union avec l'homme-Dieu qui est la Tête, et lui susciter ainsi d'autres membres.
Cette divine virginité va de pair avec une horreur intrinsèque du péché qui est l'opposé de la sainteté divine. Mais de cette horreur même du péché jaillit un amour invincible pour les pécheurs. Le Christ est venu pour arracher les pécheurs au péché et rétablir l'image de Dieu dans les âmes profanées. Il vient en tant que fils du péché, comme le montrent sa généalogie et toute l'histoire de l'ancienne Alliance, et il recherche la compagnie des pécheurs, pour prendre sur lui tout le péché du monde et aller le décharger sur le bois ignominieux de la croix, qui devient ainsi le signe de sa victoire. C'est pourquoi les âmes virginales n'éprouvent aucune répulsion devant les pécheurs. La force de leur pureté surnaturelle ne connaît aucune peur de la souillure. L'amour du Christ les pousse à descendre dans la nuit la plus profonde. Et nulle joie de mère ici-bas n'est comparable à la béatitude de l'âme qui peut allumer dans la nuit du péché la lumière de la grâce. Le chemin qui y conduit est la croix. Au pied de la croix, la Vierge des vierges devient la mère de la grâce.