mardi 7 janvier 2020

Le scapulaire - historique

Scapulaire ND Mt Carmel
À la fin du XIIe siècle, des anciens Croisés devenus ermites sur le Mont Carmel mènent une vie contemplative dans des cellules taillées dans le roc, honorant particulièrement la Vierge Marie à laquelle est dédiée leur église commune. La situation poli-tique se dégradant sous la pression musulmane, ils sont contraints de fuir et, dans les années 1230, ceux qui se font connaître comme les « Ermites de Sainte-Marie du Mont Carmel » commencent à s’installer en Occident. Mais cette implantation en Europe est si difficile que l’Ordre semble voué à l’extinction. Dans de telles circonstances, saint Simon Stock, élu supérieur général en 1245, confie souvent à Marie les religieux dont ils ont tous deux la charge. Un récit rapporte que : « Souvent, il suppliait la glorieuse Vierge Marie, (...) Patronne de l’Ordre, de doter de quelques privilèges les Frères qui portent son nom. Chaque jour, d’une voix très dévote il lui disait en ses prières : Fleur du Carmel, vigne fleurie (...), Vierge Mère, unique (...) aux enfants du Carmel donne tes privilèges, Étoile de la mer. Et un jour, tandis qu’il récitait dévotement cette prière, la glorieuse Vierge Marie (...) lui apparut accompagnée d’une multitude d’anges et, tenant en main le Scapulaire de l’Ordre, lui dit : ‘Voici le privilège que je te donne à toi et à tous les enfants du Carmel. Quiconque mourra revêtu de cet habit ne pâtira pas du feu éternel. Quiconque mourra revêtu de cet habit sera sauvé’ ». Simon et certains de ses frères prennent au sérieux la promesse de Marie et se mettent à porter le scapulaire. Les chapitres généraux de 1281 puis de 1287 étendent peu à peu son port à l’ensemble des frères. Dès cette époque, également, certains pieux laïcs le revêtent sous leurs vêtements. À partir du XVe siècle, les Carmes répandent la dévotion au scapulaire en relatant la vision de Simon Stock et celle du futur pape Jean XXII, le cardinal Duez, à qui la Vierge apparaît durant le conclave de 1322, lui annonçant qu’il sera élu pape et prendra le nom de Jean. Celle-ci lui exprime, à l’adresse de tous ceux qui porteront le scapulaire, la promesse suivante : «Si, au jour de leur passage dans l’autre vie, ils sont amenés au purgatoire, moi, la Mère de Grâce, je descendrai le samedi après leur mort au purgatoire et je délivrerai ceux que j’y trouverai et les ramènerai à la montagne sainte et les délivrerai. »

Scapulaire ND Mt Carmel
Cette annonce nous est connue par un document daté de 1421, se présentant comme la copie d’une Bulle rédigée par Jean XXII : « la Bulle Sabbatine » (de sabbatum, samedi, en latin). Au XVIe siècle, se développent les confréries du scapulaire. Face à la Réforme, rosaire et scapulaire deviennent les signes distinctifs de l’identité catholique. Au XVIIe siècle, les registres des couvents recensant les personnes portant le scapulaire se remplissent de noms par milliers. On y trouve des humbles comme des papes et des rois. Pour éviter toute conception magique du scapulaire, qu’il suffirait de porter sans aucun effort vertueux pour obtenir le Ciel, la prédication s’astreint alors à établir les richesses spirituelles attachées au port du scapulaire sur des principes théologiques incontestables. Ils sont très simples : le scapulaire est le signe d’une alliance entre le chrétien et Marie (nous avons besoin de signes concrets pour exprimer les réalités spirituelles que nous vivons) ; l’esprit du scapulaire est celui de la perfection chrétienne à l’imitation de Marie ; par conséquent, Marie veille très volontiers sur ceux qui se consacrent ainsi à elle. En définitive, le don du scapulaire à l’Ordre du Carmel rappelle à toute l’Église que notre relation au Christ est comme enveloppée dans la relation filiale à sa Mère, qu’une relation concrète, intime, quotidienne à la Vierge Marie doit constituer comme le vêtement de notre vie chrétienne.

Fr. Jean de Sainte Marie